Les Humeurs de l'Investisseur


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Marc Deschenaux

Created    on 2016-12-28 18:51

Published on 2016-12-28 19:24


d'après Investment Madness de John R. Nofsinger

Pour opérer sur les marchés financiers, il est crucial de bien comprendre la psychologie de l’investisseur.

Tout être humain est influencé principalement par sa perception des choses à un moment déterminé. La mémoire humaine stocke quelques images de cette perception, même si celle-ci est imparfaite, altérée par les émotions au moment du stockage ou du rappel.

Nous analysons ici un certain nombre d’émotions qui ont un impact important sur la décision de l’investisseur : atermoiement, surestimation, effet de dotation, tendance au statu quo, tendance à l’attachement, tendance à l’habitude.

Atermoiement

L’atermoiement est la tendance à retarder une action par peur ou par paresse de faire face à la réalité. Cette attitude provient de la confusion suscitée par la surabondance d’informations disponibles, de leurs contradictions internes et de l’absence de certitudes. L’atermoiement est également justifié par un manque d’énergie.

Surestimation

La surestimation de ses capacités se développe avec l’expérience, contrairement de la plupart des tendances psychologiques humaines. Cette attitude naît d’une illusion de savoir, qui provient elle-même de la surabondance d’information. Dans ce contexte, on a l’impression de maîtriser la situation, alors que nos capacités de contrôle sont largement dépassées.

Illusion de savoir

L’investisseur fait face à un torrent d’informations qu’il croit maîtriser, particulièrement à l’ère d’Internet et des médias en continu. Il pense que la précision des prévisions augmente avec la quantité d’information, alors que cette dernière ne correspond pas nécessairement à une meilleure connaissance. L’investisseur manquant de compétences ou d’expérience tend à chercher confirmation de ses idées dans les informations à disposition, même si celles-ci ont des bases peu fiables ou fragiles.

Illusion de contrôle

Plus l’investisseur croit contrôler la situation, plus sa confiance sera démesurée. Plusieurs facteurs mènent à cette situation, comme les résultats correspondant aux prévisions, la familiarité avec la tâche et la répétition d’une activité.

Surévaluation

L’investisseur a tendance à demander un prix de vente beaucoup plus élevé que ce qu’il serait prêt à payer. Cette attitude est d’autant plus marquée si l’investisseur a subi des pertes traumatisantes.

Statu Quo

L’investisseur tend à conserver ce qu’il possède et maintenir ses positions plutôt que de remettre ses choix en question. La tendance au statu quo se confirme face à l’augmentation du nombre d’options et à la magnitude des pertes. L’investisseur préfère les choses familières et déjà traitées. Pourtant, la performance passée n’est pas garantie du résultat futur.

Attachement

L’investisseur peut se passionner pour un titre, n’en considérer que les aspects positifs, voire l’idéaliser entièrement, ou s’identifier à l’histoire de l’émetteur ou de ses dirigeants (Apple, Amazon, etc.). Il confond l’histoire du titre ou de l’émetteur avec l’opportunité de l’investissement, ou se base sur des stéréotypes. Ainsi, une bonne entreprise (gérant des revenus importants, ayant une bonne réputation), n’est pas nécessairement un bon investissement (le titre est plus haut que d’autres).

Effet de tempérament

L’investisseur évite de prendre des décisions qu’il pourrait regretter ensuite, et cherche à plutôt à augmenter sa fierté. Ce double mouvement conduit à vendre des investissements gagnants trop tôt et des perdants trop tard.

Effet de jeu

Après avoir réalisé un gain, l’investisseur est prêt à prendre davantage de risques. Comme un parieur, il ne considère pas son profit comme sien. Les parieurs appellent cette attitude « jouer avec l’argent de la maison ».

La Morsure de Serpent

Après avoir subi des pertes, l’investisseur pèche par excès de prudence. Il ne veut plus prendre de risques. En devenant passif, l’investisseur évite aussi toute possibilité de gain, s’enlisant dans le statu quo.

L’effet de rattrapage

L’investisseur a besoin de se rattraper, de retrouver le capital perdu, de retrouver la sécurité initiale. Il va espérer la remontée du titre et se retenir de vendre. L’effet de rattrapage est plus fort que l’effet de la morsure de serpent.

L’effet de Panurge

L’effet de Panurge consiste à suivre le troupeau. La majorité du marché influencent les tendances psychologiques et émotionnelles qui sont basées sur les réactions de la masse, plutôt que les analyses rigoureuses.

L’effet de la Poche Trouée

Une fois qu’un investissement en argent, temps ou en émotion a été fait, l’investisseur va poursuivre son effort, dans une dynamique d’escalade, sans jamais admettre que sa poche est trouée et qu’il a perdu sa mise.

Comptabilité mentale

Les décideurs ont tendance à placer mentalement chaque investissement dans un compte séparé. Aucun lien n’est établi entre les opérations effectuées, ce qui crée une fausse perception du risque existant sur un portefeuille.

Résumons ces défauts émotionnels, leur effet sur le comportement de l’investisseur et leurs conséquences: